OP Tous sites - Revue de Presse du 06/12/2025

Rédigé le 06/12/2024


Près d'un quart des seniors déclare avoir vécu des discriminations au cours de leur carrière

Par Le Figaro avec AFP

Publié le 4 décembre à 06h25, mis à jour à 09h39

Un tiers des seniors de plus de 50 ans se disent par ailleurs inquiets quant à leur avenir professionnel, selon ce baromètre réalisé par le Défenseur des droits en partenariat avec l’Organisation internationale du travail (OIT)

Encore des efforts à faire pour l’égalité professionnelle quel que soit l’âge des salariés. Près d'un quart des seniors de 50 ans et plus déclarent avoir vécu des discriminations au cours de leur carrière et un tiers d'entre eux se disent inquiets quant à leur avenir professionnel, selon un baromètre publié ce mercredi. Le Défenseur des droits, qui a réalisé cette enquête en partenariat avec l'Organisation internationale du travail (OIT), est régulièrement saisi par des seniors pour des discriminations liées à l'âge : «refus d'embauche, incitation à partir à la retraite de façon prématurée, difficultés à se maintenir dans l'emploi, etc.», indique l'étude.

C'est notamment au vu de ce constat et parce que «la question du maintien et des conditions d'emploi des seniors se pose avec plus d'acuité encore depuis la réforme des retraites de 2023» que le 17e baromètre des discriminations dans l'emploi est consacré à la situation des seniors. L'enquête montre que 23% d'entre eux rapportent avoir été victimes de discriminations dans l'emploi. Ils citent en particulier des discriminations liées à l'âge ou à l'état de santé.

«Préjugés âgistes»

Parmi les seniors, «ceux perçus comme non-blancs déclarent davantage avoir vécu des discriminations dans l'emploi (43% contre 22%), de même que ceux déclarant une mauvaise santé (32% contre 17%) ou une situation économique précaire (30% contre 15%)». En outre, un senior sur deux a connu «des relations de travail dévalorisantes au cours des 5 dernières années» et «un quart des seniors au chômage déclarent qu'on leur a déjà fait comprendre qu'ils étaient trop âgés pour le poste lors d'un entretien d'embauche».

Les discriminations subies par les seniors s'expliquent en partie par des «préjugés âgistes», indique le baromètre. Près d'un actif sur deux considère notamment que les seniors sont dépassés par les nouvelles technologies, 4 actifs sur 10 qu'ils ont une santé fragile, tandis qu'un tiers évoque leur coût élevé pour les entreprises. Les discriminations ont des répercussions sur la santé mentale, rappelle l'étude : pour l'ensemble de la population active, 71% des victimes indiquent que leur santé mentale s'est dégradée (tristesse, fatigue, dépression).

Pour améliorer le sort des seniors, le Défenseur des droits formule plusieurs recommandations comme des campagnes de sensibilisation sur les discriminations, des dispositifs pour les signaler ou encore une meilleure anticipation des fins de carrière. L'enquête a été réalisée par l'institut CSA du 8 au 28 avril par internet, auprès d'un échantillon représentatif de la population active de 2284 personnes âgées de 18 à 65 ans.

 

L’OCDE prévoit une croissance sous les 1 % pour la France en 2025

L’Organisation de coopération et de développement économiques revoit à la baisse sa prévision de croissance pour la France en 2025, à 0,9 % et s’inquiète du risque que ferait peser le protectionnisme sur l’économie mondiale.

Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, le 27 février à Mexico. (Eyepix/NurPhoto.AFP)

par LIBERATION et AFP

publié le 4 décembre 2024 à 11h44

Les perspectives économiques françaises s’assombrissent, et ce n’est pas uniquement à cause de l’incertitude politique. Dans sa dernière livraison des perspectives économiques mondiales publiée ce mercredi 4 décembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révisé à la baisse sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour la France en 2025, l’annonçant à 0,9 %, soit 0,3 point de moins que dans sa dernière estimation. Le gouvernement encore en place a inscrit 1,1 % dans son projet de loi de finances pour l’an prochain.

Sans commenter les conséquences de la probable chute du gouvernement Barnier, l’OCDE souligne que «les efforts d’assainissement budgétaire qui seront déployés en 2025 et 2026 pèseront sur la croissance et neutraliseront en partie l’effet positif de l’assouplissement de la politique monétaire sur l’investissement résidentiel et celui des entreprises». L’organisation anticipe par ailleurs que la demande extérieure, moteur de la croissance en 2024 comme en 2023, serait relayée par une reprise de la demande intérieure, qui «devrait se redresser à compter de 2025, et s’accélérer à mesure que la désinflation stimulera le pouvoir d’achat» et relancera la consommation des ménages.

Hausse des prévisions pour la croissance mondiale

L’OCDE n’est guère plus optimiste pour l’Allemagne, principale économie européenne, confrontée également à une crise politique. Elle révise sa prévision de croissance à 0,7 %, contre 1 % précédemment. C’est un redémarrage modeste pour le pays qui a souffert particulièrement de la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe en Ukraine. «Les exportations se redresseront peu à peu, à mesure que la demande des principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne se raffermira», estime également l’OCDE dans son rapport.

Pour la croissance mondiale, l’OCDE table sur 3,3 % en 2025, après 3,2 % en 2024. Elle est bien plus optimiste que précédemment pour deux pays. La croissance britannique est ainsi attendue à 1,7 %, soit 0,5 point de plus qu’en septembre, «à la faveur de la forte hausse des dépenses publiques programmée dans le budget d’automne». La révision est encore plus spectaculaire pour les Etats-Unis, avec une croissance anticipée désormais à 2,4 %, contre 1,6 % en septembre, l’OCDE l’attribuant en partie à la perspective d’une consommation vigoureuse.

«Aggravation des incertitudes»

Néanmoins, l’institution qui regroupe 38 pays développés a évoqué «un risque majeur de dégradation par rapport aux prévisions», le regain de protectionnisme. C’est bien les annonces tous azimuts sur les droits de douane faites par Donald Trump, réélu en novembre président des Etats-Unis, que l’OCDE vise sans citer l’intéressé. Toujours sans mentionner les Etats-Unis, elle considère que «l’aggravation des incertitudes et la poursuite de l’augmentation du nombre de mesures de restriction des échanges pourraient contribuer à une hausse des coûts et des prix, décourager l’investissement, affaiblir l’innovation et, au final, peser sur la croissance».

Motion de censure du gouvernement : "C'est un peu le bazar, on est un peu démunis", reconnaît la CFE-CGC

 

JIMMY veut lancer dans la fabrication de SMR

La start-up Jimmy propose une solution pour décarboner les grandes industries : remplacer les chaudières à combustible fossile par de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) qui n’émettent pas de CO2. Une usine de fabrication de ces SMR devrait s’implanter sur la commune du Creusot (Saône-et-Loire).

Face aux enjeux climatiques, les industriels doivent trouver des solutions pour décarboner leur activité tout en préservant leur compétitivité. Plusieurs procédés sont déjà utilisés dans le secteur pour faire des économies et diminuer les émissions de CO2 : récupération de la chaleur fatale ou stockage de la chaleur, par exemple.

Le nucléaire à la rescousse de l’industrie pour décarboner son activité

La start-up française Jimmy pourrait bientôt proposer une autre solution intéressante pour les industriels. Il s’agit de fabriquer des SMR en série pour remplacer les chaudières à gaz ou fioul traditionnellement utilisés dans l’industrie pour produire de la chaleur. Ces SMR pourront se brancher directement sur les installations industrielles existantes. Et Jimmy a annoncé récemment que sa plateforme de fabrication de ses générateurs thermiques nucléaires sera implantée en France, sur la commune du Creusot. Créé en 2020, Jimmy se définit comme une « start-up industrielle française qui réinvente l’utilisation de la fission nucléaire pour décarboner la chaleur industrielle ».

D’ailleurs, l’entreprise se devait de trouver rapidement un site pour implanter sa nouvelle usine puisqu’elle doit livrer son premier client fin 2026. L’usine s’étendra sur 125 000 m2 comprenant un atelier de stockage et d’assemblage qui entrera en service en 2025 puis en 2026, un atelier d’assemblage pour l’insertion du combustible dans les cuves. Enfin, un atelier de préparation du combustible devrait être opérationnel en 2028. Le projet nécessite un investissement de 100 millions d’euros et devrait créer à terme environ 300 emplois. L’entreprise est soutenue par l’État qui lui a accordé une subvention de 32 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030.

Si la quantité de matériaux extraits de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima paraît anecdotique, cette nouvelle est très importante pour les équipes de TEPCO, qui vont désormais mieux pouvoir préparer l’extraction des centaines de tonnes restantes au cœur des réacteurs.

L’opération devait initialement avoir lieu en septembre, mais avait été reportée pour cause de défaillance d’une caméra. Finalement, c’est à la fin octobre que les équipes de TEPCO sont parvenues à guider un drone sous-marin, équipé d’un bras robotisé, jusqu’au cœur du réacteur n° 2 de la centrale de Fukushima pour y récupérer une infime portion de débris radioactifs.

Cet échantillon a ensuite été transporté dans un laboratoire de l’agence japonaise de l’énergie atomique, près de Tokyo. Celle-ci devrait procéder à son analyse afin de déterminer la nature des débris situés au cœur du réacteur, ainsi que leur niveau de radioactivité. Cette phase d’analyse pourrait prendre plusieurs mois.

Fukushima, deuxième accident nucléaire le plus grave de l’histoire

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 a généré une vague de près de 30 mètres de haut au large des côtes japonaises. Celle-ci a atteint la centrale nucléaire de Fukushima et mis hors service tous les systèmes de refroidissement de cette dernière, entraînant la fusion des cœurs de trois des quatre réacteurs. Il s’agit du deuxième accident nucléaire à être classé au niveau 7 de l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), après la catastrophe de Tchernobyl. Selon le bilan officiel, 10 ans après l’accident, aucun cancer ou mort n’a été imputé directement à cet évènement. Néanmoins, cet accident est considéré comme une vaste catastrophe écologique, notamment dans l’océan Pacifique. Le démantèlement de la centrale devrait s’achever entre 2050 et 2060.

Extraire 880 tonnes de corium du coeur des réacteurs, un défi immense

Si cette opération était attendue avec impatience, c’est parce que le défi qui attend TEPCO dans la centrale de Fukushima est immense : les 3 réacteurs touchés par la catastrophe renfermeraient 880 tonnes de corium, un élément radioactif constitué d’un mélange de combustible fondu et de débris. C’est trois fois plus que ce qui a été estimé à Tchernobyl. Dans la centrale ukrainienne, le corium a créé des formations solides semblables à des coulées de lave, qui sont à « l’air libre », à l’intérieur du sarcophage. En 2021, des chercheurs ont, d’ailleurs, découvert que les radiations issues de ces formations avaient augmenté entre 2016 et 2021.

Pour revenir à Fukushima, cette opération constitue la première étape d’un (très) long processus d’extraction qui devrait durer plusieurs années. TEPCO s’est fixé comme objectif d’extraire l’ensemble des 880 tonnes de corium d’ici 2031.

 

BIOMASSE LIQUIDE en CORSE

Luc Rémont, PDG d’EDF, était en visite en Corse cette semaine pour inaugurer le début des travaux de la nouvelle centrale électrique de l’île. Attendue depuis près de 20 ans, la centrale qui fonctionnera à partir de biomasse liquide, devrait coûter la bagatelle de 800 millions d’euros.

Les habitants d’Ajaccio ne regretteront pas les deux cheminées rouges et blanches de la centrale thermique du Viazzo. Mise en service en 1981, cette centrale de l’île est également la dernière centrale de France à utiliser du fioul lourd pour alimenter ses 7 moteurs.

Si tout va bien, à partir de 2027, elle devrait laisser sa place à la centrale du Ricanto, dont la construction vient de commencer à une centaine de mètres de là. D’une puissance équivalente de 130 MW, cette dernière sera équipée de 8 moteurs à haut rendement alimentés, cette fois, par de la biomasse liquide, comme la centrale Port-Est de la Réunion. C’est d’ailleurs ce qui en fait sa particularité, permettant ainsi de se targuer du titre d’énergie 100 % renouvelable.

Une centrale qui carburera au colza

Selon EDF, la centrale devrait être équipée des toutes dernières technologies pour contenir à un seuil particulièrement bas les émissions de particules. En comparaison avec la centrale du Viazzo, les émissions de CO2 devraient chuter de 65 %, et les émissions de particules et de NOx de 75 %. Le système de refroidissement, en circuit fermé, devrait permettre de réduire de 90 % la consommation en eau, par rapport aux 350 000 mètres cubes annuels utilisés dans la centrale du Viazzo.

Pour alimenter en biomasse liquide cette centrale flambant neuve, et ainsi produire l’équivalent de 20 % de la consommation électrique de la Corse, il faudra tout de même cultiver près de 200 000 tonnes de colza par an, soit l’équivalent de 60 000 hectares.

Le montant de l’investissement est étonnamment élevé : 800 millions d’euros, soit un prix de 6,15 euros par watt, ramené aux 130 MW installés sur la future centrale du Ricanto. C’est autant que le projet de gigantesque parc solaire de 1 000 MW prévu en Gironde, bien plus puissant, mais dont la production électrique ne peut pas être pilotée. 800 millions d’euros, c’est aussi le prix que pourrait coûter une giga-batterie de 1 400 MW de puissance, en se basant sur le montant de l’investissement prévu pour la future batterie de Saint-Avold. Enfin, cela équivaut au coût de 20 éoliennes en mer posées de 8 MW pièce, soit 160 MW, en se calquant sur le prix du parc éolien de Saint-Brieuc.

La difficile décarbonation de l’île de Beauté

Le remplacement de la centrale du Viazzo est attendu depuis longtemps, mais a connu de nombreuses difficultés. Et pour cause, les responsabilités de la nouvelle centrale sont grandes : celle-ci devra assurer un approvisionnement suffisant en électricité ainsi qu’un bon équilibrage du réseau tout en réduisant les émissions de CO2.

Attendue depuis longtemps, cette nouvelle centrale thermique alimentée à 100 % par des énergies renouvelables devrait jouer un rôle majeur dans les objectifs de décarbonation et d’indépendance énergétique de l’île, à l’horizon 2050. Encore aujourd’hui, la Corse est, avec les DOM-TOM, parmi les régions les plus émettrices de CO2 du pays pour la production électrique, avec presque 437 gCO2eq/kWh. C’est quasiment 10 fois plus que la France hexagonale.

Cette intensité carbone particulièrement élevée s’explique justement par la dépendance de l’île au diesel, ainsi que ses interconnexions avec l’Italie continentale et la Sardaigne voisines, donc le mix électrique est dominé par les énergies fossiles, en particulier le gaz.

 

Panneaux solaires, batteries, éoliennes : les usines chinoises « made in Europe » arrivent

Face à la menace des droits de douane et au durcissement de la réglementation européenne, les industriels chinois se préparent à produire davantage de technologies vertes en Europe. Le chinois Das Solar pourrait prendre de vitesse les projets d'usines de panneaux solaires en France.

En 2023, les investissements chinois liés aux véhicules électriques ont atteint 4,7 milliards d'euros, soit encore 70 % du total des investissements direct à l'étranger de la Chine en Europe, selon le think tank allemand Merics et Rhodium Group. (Cfoto/SIPA)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 2 déc. 2024 à 06:58Mis à jour le 2 déc. 2024 à 08:57PremiumVotre abonnement Premium vous permet d'accéder à cet article

Une gigafactory solaire va-t-elle enfin voir le jour en France ? Alors que l'industrie tricolore broie du noir, le chinois Das Solar a créé la surprise mi-novembre en présentant un projet de méga-usine d'assemblage de panneaux solaires, en Bourgogne-Franche-Comté, et en annonçant l'acquisition d'une friche industrielle de 100.000 m2 pour la faire sortir de terre. Promise dès le mois de juin prochain, celle-ci pourrait prendre de vitesse les deux projets français d'usine solaire qui se font attendre, Carbon et Holosolis.

Cette nouvelle annonce vient s'ajouter à la longe liste d'usines promises par les géants des technologies vertes chinois sur le sol européen. Et il atteste qu'ils souhaitent désormais ouvrir le jeu : initialement très concentrés sur les véhicules électriques ou les batteries, ces derniers s'attaquent désormais à la production de panneaux solaires et d'électrolyseurs indispensables à la fabrication d'hydrogène vert sur le Vieux Continent. Mais aussi à l'éolien en mer, qui restait jusqu'ici la chasse gardée des géants européens, tels que Vestas ou Siemens.

Des projets dans l'éolien

En atteste, le projet controversé d'usine du géant de l'éolien Ming Yang prévue à Leith, en Ecosse. Au printemps dernier, l'ancien Premier ministre britannique Rishi Sunak - invoquant des risques « liés à la cybersécurité » - avait demandé de le « suspendre ». Cette usine a néanmoins reçu le soutien de Kate Forbes, la vice Première ministre d'Ecosse : « je ne veux pas voir nos ressources naturelles en vents créer des emplois en dehors de l'Ecosse », a-t-elle martelé.

Le mouvement vers de nouveaux secteurs « verts » est encore ténu. Selon le think tank allemand Merics et Rhodium Group, en 2023, les investissements chinois liés aux véhicules électriques ont atteint 4,7 milliards d'euros, soit encore 70 % du total des investissements direct à l'étranger de la Chine en Europe, avec en tête des bénéficiaires la Hongrie. Grâce aux projets de batteries de CATL et de Huayou Cobalt, le pays a capté 44 % des investissements de la Chine sur le Vieux Continent en 2023, soit… davantage que l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni réunis.

« La Hongrie bénéficie d'un taux d'imposition très faible, c'est également un partenaire assez accommodant pour la Chine sur le plan politique mais aussi sur le plan environnemental. Or, la Chine utilise ses investissements pour gratifier ses alliés et pénaliser les Etats qui lui sont moins favorables », décrypte Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du centre énergie et climat de l'Ifri.

En septembre dernier, le chinois Envision a néanmoins annoncé un investissement d'un milliard de dollars dans une toute nouvelle usine d'électrolyseurs prévue en Espagne. En ligne de mire pour tous ces acteurs : l'entrée en vigueur dès l'année prochaine du règlement européen « Net Zero Industry Act ». Prévu pour doper la fabrication des technologies propres sur le Vieux Continent, il impose des critères de résilience et de contenu carbone aux industriels qui voudront remporter les futurs appels d'offres publics.

Fonds européens

Les équipementiers chinois se mettent donc en position de capter ce marché qui pourrait leur échapper compte tenu de la nouvelle réglementation et d'éventuels droits de douane à venir. Une stratégie qui les met sur un pied d'égalité par rapport aux équipementiers européens… au risque d'angoisser ces derniers.

Fin octobre, la Commission européenne a sélectionné le projet d'usine de panneaux solaires portée par l'espagnol Iberdrola et le chinois Trina Solar parmi les lauréats du fonds pour l'innovation. « Le contribuable européen va payer pour que ces acteurs chinois s'implantent en Europe », s'insurge un concurrent.

Pour l'eurodéputé français Christophe Grudler (Mouvement démocrate), il s'agit au contraire de la preuve que la stratégie européenne fonctionne. « Je préfère que ces acteurs viennent déposer des brevets en Europe, nous permettent de disposer des meilleures technologies photovoltaïques et créent des emplois en Europe, comme Alstom l'a fait en Chine il y a plusieurs années », pointe l'eurodéputé. A Paris, au sein du gouvernement, on se félicite des emplois que pourrait créer le projet de Das Solar en France, tout en étant prudent. « Il y a toujours une suspicion quant à savoir si ces acteurs vont étouffer le marché ou jouer le jeu de la concurrence », pointe une source.

De nombreux projets gelés ou repoussés

Reste à savoir, surtout, quand toutes ces usines sortiront de terre. Sur les onze projets de nouvelles usines dans les véhicules électriques annoncés par des groupes chinois en Europe depuis 2022 seuls trois ont été confirmés à ce jour, pointe Rhodium Group. Il s'agit de celui de Chéry en Espagne, de BYD en Hongrie et de Volvo (Geely) en Slovaquie.

« Les pouvoirs publics chinois reconnaissent l'importance d'investir à l'étranger pour booster leurs champions nationaux, mais ils sont aussi prudents sur les transferts de technologie et le potentiel de perte d'emplois ou de création de valeur pour la Chine. En juillet dernier, le ministre du commerce a recommandé aux constructeurs de garder la fabrication de leurs technologies les plus avancées en Chine et de n'exporter que leur assemblage », indique Merics.

Dans ce contexte, les constructeurs chinois continuent d'annoncer des projets mais plutôt aux portes de l'Europe, dans des pays « considérés comme moins risqués », pointe le think tank. Cet été BYD a ainsi mis son cap sur la Turquie où il ambitionne de construire une nouvelle usine pour 2026.

 

Le nucléaire joue les trouble-fêtes dans les débats sur la compétitivité européenne

Réunis jeudi à Bruxelles, les ministres européens de l'Industrie ont débattu de l'avenir de la compétitivité européenne. L'Allemagne et l'Autriche ont affiché leur désaccord sur la question du financement du nucléaire.

Par Fabienne Schmitt

Publié le 29 nov. 2024 à 07:45Mis à jour le 29 nov. 2024 à 11:35PremiumVotre abonnement Premium vous permet d'accéder à cet article

Réunis jeudi à Bruxelles, les ministres européens de l'Industrie ont débattu de l'avenir de la compétitivité européenne, sujet numéro un de la nouvelle Commission qui prend ses fonctions en décembre. Mais l'énergie nucléaire est venue une fois de plus troubler les débats.

Les ministres se sont mis d'accord à une très large majorité pour souligner « l'engagement de l'UE à agir pour garantir sa compétitivité à long terme, son leadership au niveau mondial et pour renforcer sa souveraineté stratégique », a déclaré, à l'issue de la réunion, le ministre hongrois de l'Economie, Marton Nagy, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Un plan d'urgence pour l'automobile

Leurs conclusions s'inscrivent dans la droite ligne de la récente déclaration de Budapest dans laquelle les leaders des Vingt-Sept ont établi une feuille de route pour redresser l'économie européenne.

Les ministres de l'Industrie appellent ainsi à « renforcer l'approfondissement du marché unique, à alléger la charge réglementaire et à améliorer l'environnement compétitif pour les entreprises », a détaillé Marton Nagy.

Ils ont aussi exprimé la nécessité d'un plan d'urgence pour l'automobile, défendu par la France et d'autres pays, alors qu'Ursula von der Leyen a promis d'engager un « dialogue stratégique » avec ce secteur en grande difficulté.

Si ces conclusions ont reçu un très large soutien, deux pays, l'Allemagne, poids lourd de l'UE, et l'Autriche, ont refusé de les signer, en raison d'un désaccord sur une phrase du texte relative au nucléaire. Concrètement, ils n'ont pas accepté de référence aux technologies propres, renvoyant à la possibilité d'investir dans le nucléaire.

Sur le nucléaire, des désaccords qui perdurent

Définir quelles sont les technologies qui méritent d'être soutenues par l'UE déclenche régulièrement les passions à Bruxelles. « C'est un peu comme un disque rayé, il n'y a rien de nouveau, a déploré Marton Nagy. Cela fait des années que nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord pour dire si le nucléaire relève des énergies propres ou pas. Et si nous devrions l'accompagner avec des financements européens. Mais les discussions se poursuivent… ».

Le ministre français de l'Industrie, Marc Ferracci, lui, n'a pas caché sa « satisfaction » à la sortie du Conseil de voir que « le document présenté par la présidence hongroise a été approuvé par une très très large majorité des Etats membres, a-t-il dit aux journalistes.

« Il ouvre la voie à des financements, qu'ils soient publics ou privés, nationaux ou européens, pour toutes les technologies décarbonées », a-t-il souligné.

Néanmoins, les jeux sont loin d'être faits. Des discussions vont s'engager dans les prochains mois en vue de la mise en place du fameux « Pacte pour une industrie propre » attendu dans les cent premiers jours de la nouvelle Commission européenne. C'est dans ce cadre-là que ces questions pourraient se concrétiser, ou pas…

Les ministres ont en tout cas établi ce jeudi de premières bases pour cette future discussion, même si les divergences sur le nucléaire envoient à nouveau un mauvais signal pour la suite.

 

NUWARD

Le projet français Nuward qui porte sur l’élaboration d’un mini réacteur modulaire mené par EDF va pouvoir continuer à bénéficier du soutien de l’État français. La Commission européenne vient de valider le versement d’une subvention conséquente qui devrait faire avancer le développement de cette technologie.

 

La France compte sur le nucléaire pour décarboner son mix énergétique. Mais au-delà de la prolongation du parc existant et de la construction de nouveaux réacteurs, le pays mise sur une nouvelle technologique prometteuse : les mini réacteurs modulaires abrégés en SMR  pour sa version anglaise (small modular reactor).

Feu vert de la Commission européenne pour une aide XXL

En 2023, EDF a créé une filiale dénommée Nuward   qui est chargée du développement du SMR français. Par comparaison avec un réacteur nucléaire classique, le SMR est moins puissant, mais présente la particularité d’être plus facile à construire et moins onéreux. Le projet Nuward porte sur le développement de deux réacteurs de 170 mégawatts (MW) chacun avec l’objectif de mettre en service un prototype avant 2035. À terme, EDF souhaite parvenir à développer cette technologique pour fabriquer des SMR   en série au cours des prochaines décennies, pas seulement à destination du territoire français, mais pour le marché mondial.

Afin de bénéficier du soutien financier de l’État , indispensable pour mener à bien le projet, il est nécessaire d’obtenir une autorisation préalable de la Commission européenne. Et cette dernière vient d’autoriser le versement d’une subvention de 300 millions d’euros pour le projet Nuward. Cette aide n’est pas la première accordée par l’État français à la filiale d’EDF puisqu’en décembre 2022, Bruxelles avait déjà donné son feu vert pour l’octroi d’une subvention de 50 millions d’euros.

 

Nouvelle panne électrique générale à Cuba, la troisième en deux mois information fournie parAFP •04/12/2024 à 19:11

Les feux de circulation ne fonctionnent pas dans le centre de la capitale La Havane en raison de la panne d'électricité, le 4 décembre 2024 ( AFP / YAMIL LAGE )

Une nouvelle coupure électrique générale s'est produite mercredi à Cuba, la troisième en moins de deux mois, après une panne sur la principale centrale du pays, ont annoncé les autorités qui prédisent de "bons progrès" dans la journée pour le rétablissement du courant.

"Depuis tôt ce matin, nous suivons le rétablissement du système électro-énergétique national", a déclaré sur X le président cubain Miguel Diaz-Canel.

"Les camarades du ministère de l'Energie et de la compagnie nationale d'électricité (UNE) travaillent sans relâche et avec précision à sa reconnexion", a-t-il ajouté, précisant qu'il "devrait y avoir de bons progrès" dans la journée.

Selon les autorités, plusieurs circuits indépendants ont été rétablis dans toutes les provinces du pays, notamment pour faire fonctionner les hôpitaux, mais la très grande majorité des 10 millions d'habitants de l'île restaient sans courant à la mi-journée.

Cette nouvelle panne générale s'est produite dans la nuit de mardi à mercredi. Il s'agit de la troisième panne générale du système électrique sur l'île en moins de deux mois.

"A 02H08 du matin (07H08 GMT) s'est produite une nouvelle déconnexion du système électrique national (SEN)", a annoncé à l'aube sur X le ministère de l'Energie et des Mines. Le black-out s'est produit "après une panne sur la centrale électrique Antonio Guiteras", la principale du pays située dans la province de Matanzas (centre), a-t-il précisé.

Une première coupure à l'échelle du pays avait eu lieu le 18 octobre en raison d'une panne sur la même centrale et de pénuries de combustibles, privant les habitants de courant pendant quatre jours.

Une autre déconnexion du système électrique national s'était produite le 6 novembre lorsque l'ouragan Rafael, de catégorie 3 (sur 5), avait balayé l'ouest de l'île. Le rétablissement du système avait pris plusieurs jours dans la capitale et plusieurs semaines dans les zones les plus touchées.

Dans la matinée, le ministère de l'Energie et des mines avait dit espérer que dès "aujourd'hui (mercredi), il y aurait un grand pourcentage de rétablissement du système national" d'électricité.

Selon le ministre de l'Energie, Vicente de la O Levy, la centrale thermique Guiteras s'est arrêtée "en raison d'une panne automatique". "Il n'y a pas eu de dommages sur les unités de production (d'électricité) du pays qui étaient en fonctionnement", a-t-il ajouté, cité par la presse officielle.

Les établissements scolaires ont été fermés et les activités économiques non essentielles suspendues, ont annoncé les autorités.

- “Angoisse” -

Cette nouvelle avarie survient alors qu'une réunion entre les autorités américaines et cubaines est prévue mercredi à La Havane pour passer en revue les accords bilatéraux en matière de migration, la dernière réunion de ce type de l'administration de Joe Biden.

La vétusté des huit centrales thermoélectriques et la réduction ces deux dernières années des importations de pétrole du Venezuela, son principal allié, ont placé Cuba dans une situation extrêmement vulnérable.

Orlando Matos, 56 ans, gardien de nuit dans le quartier central du Vedado à La Havane, était de service lorsque la panne s'est produite. "Les coupures d'électricité ne nous laissent pas de répit", déplore-t-il. "On vit dans l'angoisse quand il s'agit d'un délestage programmé ou d'une panne générale", ajoute-t-il.

"Vous essayez de surmonter la situation en permanence, mais lorsque l'environnement ne vous aide pas, vous finissez par ne plus vouloir faire quoi que ce soit. On commence à déprimer", se lamente Osnel Delgado, un danseur contemporain de 39 ans.

Des ouvriers devant leur usine à La Havane qui ne peuvent travailler en raison de la panne d'électricité, le 4 décembre 2024 ( AFP / ADALBERTO ROQUE )

Outre les coupures générales de courant, deux ouragans, Rafael dans l'ouest de l'île, et Oscar qui a fait huit morts dans l'est du pays, ont frappé l'île depuis début octobre. Un tremblement de terre a également eu lieu dans le sud du pays le 10 novembre.

Ces catastrophes naturelles ont provoqué d'importants dégâts matériels alors que l'île communiste, sous embargo américain depuis 1962, connaît sa pire crise économique depuis trente ans avec des pénuries de nourriture, de médicaments, de carburants, une inflation galopante et des déficits électriques chroniques.

En septembre 2022, l'île avait déjà connu une panne électrique généralisée lorsque l'ouragan Ian avait également frappé les provinces de l'ouest du pays.