OP Tous sites - Revue de Presse du 14/03/2025

Rédigé le 14/03/2025


Voici une synthèse des actualités marquantes dans le domaine nucléaire et social sur la période.

Actualité du nucléaire dans le monde

Selon l'Agence internationale de l'énergie, la production nucléaire mondiale atteindra un niveau record en 2025, avec 420 réacteurs en service et 63 nouvelles installations en construction.

En France, malgré une diminution de la part du nucléaire dans la puissance électrique installée à moins de 40 %, les centrales nucléaires continuent de jouer un rôle prépondérant, représentant 68 % de la production d'électricité en février 2025.

Focus sur la CFE-CGC

Le 8 mars 2025, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la CFE-CGC, en collaboration avec d'autres organisations syndicales, a appelé à une journée de mobilisation et de grève pour dénoncer les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes dans le monde du travail. Les revendications portaient sur l'égalité salariale, la revalorisation des métiers à prédominance féminine, un meilleur financement des services publics et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.


Article 1

Turbine, refroidissement : ces imprévus qui maintiennent l'EPR de Flamanville à l'arrêt

EDF prolonge jusqu'à fin mars un arrêt non programmé de l'EPR de Flamanville afin de réaliser des réglages sur la turbine. Durant ses 100 premiers jours de mise en service, le réacteur nucléaire aura connu 76 jours de maintenance.

L'EPR de Flamanville (Manche) a été raccordé au réseau électrique à haute tension le 21 décembre 2024. (Lou benoist/AFP)

Par Amélie Laurin

EDF avait prévenu : la montée en puissance de l'EPR de Flamanville, premier réacteur nucléaire mis en service en France depuis vingt-cinq ans, sera très progressive. Le groupe public a de nouveau mis à l'arrêt, pour un mois et demi, son réacteur à eau pressurisée normand qui avait été raccordé au réseau électrique le 21 décembre dernier, au premier jour de l'hiver.

Ces opérations de maintenance n'étaient pas prévues et résultent de difficultés techniques. Elles ont démarré le 15 février et doivent se poursuivre jusqu'au 30 mars, après avoir été prolongées à trois reprises.

Echauffement de la turbine

Ces travaux suivent deux premières suspensions de la production d'électricité à Flamanville, entre Noël et mi-janvier, et au tournant du mois de février. Deux arrêts qui étaient, eux, programmés. Au total, le réacteur aura été immobilisé 76 jours, durant ses 100 premiers jours d'exploitation.

En cause : des réglages techniques divers. Mi-février, l'EPR a cessé de produire des électrons en raison d'un débit d'eau insuffisant dans le circuit de refroidissement par eau de mer, qui n'est utilisé qu'« en cas de situations exceptionnelles ». S'est ensuivie une intervention « sur une sonde de température du circuit principal », précise un communiqué réglementaire.

EDF a décidé de profiter de l'arrêt en cours pour réaliser, en parallèle, « des réglages du groupe turbo alternateur afin d'optimiser son fonctionnement ». L'énergéticien a constaté un échauffement de deux des dix paliers, ces pièces qui soutiennent les rotors de la turbine géante de l'EPR, comme il l'a expliqué lors d'une commission locale d'information, rapportée par « La Presse de la Manche ».

« Ce n'est pas un aléa nucléaire mais un problème mécanique, lié à des frottements qui entraînent un échauffement des paliers, qui demandent des réglages très fins », explique aux « Echos » une source syndicale. En attendant la fin des travaux, l'EPR continue de prélever chaque jour une quarantaine de mégawatts d'électricité sur le réseau, pour son propre fonctionnement. Avant son arrêt le 15 février, il envoyait environ 200 MW en net, sur les lignes à haute tension en Normandie.

C'est à peu près la moitié du seuil de 25 % de puissance que l'EPR a désormais l'autorisation de dépasser. L'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a donné son feu vert au franchissement de ce palier fin janvier, après une série de tests concluants.

Objectif de puissance maximale à l'été

Les mouvements de « stop and go » ne devraient pas retarder la montée en puissance du plus grand réacteur français, affirme EDF, qui indique que « l'objectif est toujours d'atteindre 100 % de puissance à l'été 2025 ». Soit une production de 1.650 mégawatts d'électricité, permettant d'alimenter deux millions de foyers.

EDF avait prévenu que le réacteur allait connaître 10 à 15 arrêts programmés d'ici à l'été, pour réaliser des réglages inévitables pour une telle infrastructure, inédite en France. A ce jour, EDF a seulement construit deux autres EPR à Taishan, en Chine, avant d'achever celui de Flamanville, au bout de dix-sept années d'un chantier calvaire.

 


Article 2

Angleterre veut aller plus vite dans la construction de centrales nucléaires

En février 2025, le gouvernement britannique a dévoilé des réformes majeures pour relancer le secteur nucléaire, avec pour objectif une accélération de la construction des réacteurs de puissance et des SMR. Exit les lenteurs bureaucratiques qui ont freiné le nucléaire pendant des décennies.

Le gouvernement britannique a publié le 6 février 2025 une série de réformes visant à accélérer le développement de l’énergie nucléaire en Angleterre et au Pays de Galles. Sous l’impulsion du Premier ministre Keir Starmer, ces mesures simplifient les procédures de planification et lèvent plusieurs obstacles réglementaires, ouvrant ainsi la voie à la construction plus rapide des réacteurs.


Pour le gouvernement, le nucléaire, qui représente environ 15 % du mix électrique du pays, apparaît comme une solution fiable pour réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles, tout en garantissant une production stable et bas carbone. « Les Britanniques ont été trop longtemps vulnérables aux marchés mondiaux de l’énergie – et la seule issue est de construire notre chemin vers une nouvelle ère d’électricité propre », a déclaré le secrétaire d’État à l’Énergie, Ed Miliband, dans un communiqué.

Actions sur tous les fronts

Les réformes annoncées comportent :

  • La rationalisation des consultations publiques, souvent longues et coûteuses, et la suppression de certaines barrières administratives pour réduire les délais d’approbation.
  • La suppression des dates d’expiration des autorisations de planification, évitant l’interruption des projets et offrant une visibilité à long terme aux investisseurs.
  • La mise en place d’une Nuclear Regulatory Taskforce pour améliorer les régulations et encourager davantage d’entreprises à construire au Royaume-Uni. Sous la supervision directe du Premier ministre, cette taskforce vise à accélérer l’approbation des nouveaux designs de réacteurs tout en maintenant des normes de sûreté élevées.
  • Un volet important concerne les petits réacteurs modulaires (SMR), qui seront construits pour la première fois au Royaume-Uni. Ces réacteurs, plus rapides à construire, pourront être installés sur une variété de sites, y compris à proximité de datacenters ou d’autres infrastructures industrielles, facilitant ainsi leur intégration.

Ces projets, salués par les industriels, marquent une volonté du gouvernement de renforcer la souveraineté énergétique du pays et de stabiliser le prix de l’électricité. « Notre sécurité énergétique a été trop longtemps otage de Poutine, avec des prix britanniques qui s’envolent à sa guise », a souligné le Premier ministre britannique. ■


Article 3

Cours de l’uranium en chute

 

Le cours du minerai brut a fondu de près de 40 % en un an, malgré des tensions importantes sur certains pays clés. L’évolution contrastée des prix offre peu de lisibilité alors que d’importants investissements sont nécessaires pour répondre à des perspectives de demande renforcée à long terme.

Alors que les exportations sont presque à l’arrêt au Niger et que des problèmes opérationnels affectent Kazatomprom, la tendance reste baissière pour l’uranium. Les avertissements des groupes miniers ne suffisent pas à secouer l’attentisme d’opérateurs perturbés par l’impact des fluctuations diplomatiques et douanières.

Repassé sous la barre des 70 dollars en janvier, le cours de l’uranium se maintient à un niveau historiquement élevé, mais loin du pic du premier semestre 2024. La deuxième partie d’année a pourtant créé des signaux porteurs, comme la confirmation du rôle pressenti du nucléaire pour répondre à l’appétit énergétique de l’intelligence artificielle ; ou les mesures de rétorsion russes aux sanctions américaines sur les importations d’uranium enrichi.

Dans son analyse technique de janvier, l’investisseur spécialisé dans le nucléaire Sprott Asset Management avance l’hypothèse que l’attentisme domine pour l’heure chez les acteurs de marché. Consommateurs comme producteurs puisent dans leurs stocks pour leurs besoins courants, et reportent leurs décisions d’achat et d’investissement.

Les avertissements du secteur minier

« Nous sommes sur une courbe décroissante dont je pense que beaucoup de nos clients n’ont pas conscience« . Rapporté par le Financial Times, ce commentaire récent d’un haut dirigeant du canadien Cameco suggère l’état d’esprit d’une industrie minière qui multiplie les avertissements sur le risque de pénurie à moyen-long terme, mais que le signal prix actuel rend hésitant dans ses décisions d’investissements.

Un discours qui se double aussi de considérations sur la sécurité énergétique. Exporté vers ses clients européens et américains via Saint-Pétersbourg, l’approvisionnement en uranium kazakh est fragilisé. Sans compter la progression des intérêts économiques russes et chinois signalée par de nombreux analystes, qui absorbent une partie de plus en plus importante de la production.

Incertitudes commerciales et diplomatiques

Face à ces risques, le Canada cherche notamment à augmenter sa production et se positionner comme fournisseur essentiel des réacteurs occidentaux. Sauf que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche s’accompagne d’une imprévisibilité majeure, en particulier sur les droits de douane, même si les produits énergétiques sont soumis à un taux plus faible.

Ce paysage instable limite la fiabilité des prédictions à partir du prix spot de l’uranium. Ne représentant que 15 % des ventes (le reste est fixé par des contrats à terme), ce marché a aussi connu des volumes d’échanges à un niveau très faible l’an dernier, selon une note de recherche de la banque Morgan Stanley, citée par le site d’informations financières Market Index. Un repère important donc, mais qui reflète autant les croyances de ses participants que les fondamentaux techniques de la production.


Article 4

Centrale solaire à concentration on baisse le rideau

Considérée comme la plus grande centrale solaire à concentration du monde, au moment de sa construction, la centrale solaire d’Ivanpah, dans le désert de Mojave, va finalement être arrêtée. Principale cause : un important manque de rentabilité.

Elle devait fonctionner au moins jusqu’en 2039. La plus grande centrale solaire à concentration des États-Unis va voir deux de ses trois tours s’arrêter en 2026 après que l’entreprise Pacific Gas & Electric (PG&E) ait décidé de mettre fin à son contrat de rachat de l’électricité. La troisième tour est, elle aussi, sur la sellette. En effet, l’entreprise Southern California Edison, qui en rachète l’électricité, serait également en train de négocier la fin de son contrat.

Un pari perdant

Pourtant, il y a maintenant 15 ans, le solaire à concentration était considéré comme l’une des clés de l’énergie décarbonée. Le projet d’Ivanpah, et ses trois centrales solaires thermodynamiques, devait en être l’incarnation, grâce à ses 173 500 miroirs héliostats, capables de focaliser l’énergie solaire sur des générateurs de vapeur.

Cependant, depuis son lancement, le projet a cumulé les problèmes, et n’a pas atteint le rendement espéré. Dès 2014, la quantité de gaz naturel nécessaire au maintien des chaudières par mauvais temps avait dû être revue à la hausse. En parallèle, la production escomptée de 1 million de MWh par an n’a jamais été atteint. Sur les 10 années d’exploitations, la production moyenne s’élève à 700 000 MWh/an.

D’un point de vue environnemental, la centrale solaire d’Ivanpah a également fait débat, car un grand nombre d’oiseaux sont brûlés vifs à cause de la concentration des rayons. Une étude a montré, en 2016, que 6 000 oiseaux étaient tués chaque année par la centrale.

Le photovoltaïque a gagné la course de l’énergie solaire

Outre ces problèmes techniques et environnementaux, le projet était considéré comme onéreux à son lancement, mais les défenseurs de la technologie misaient sur une baisse des prix avec la démocratisation de la solution. Le gouvernement américain avait d’ailleurs décidé d’accorder un prêt garanti à hauteur de 1,6 milliard de dollars sur les 2,2 milliards de dollars du projet. La fin du contrat de rachat de l’électricité par PG&E aura un impact direct sur les clients de l’entreprise. Ces derniers paieront moins cher leur électricité.

15 ans plus tard, force est de constater que c’est le photovoltaïque qui a remporté la course à l’énergie solaire. La nouvelle plus grande centrale photovoltaïque du monde en est l’exemple parfait. Pour un investissement similaire de 1,96 milliard de dollars, la centrale devrait produire plus de 6 TWh/an. C’est presque 10 fois plus que la centrale d’Ivanpah. Ironie du sort, un projet de centrale photovoltaïque est déjà envisagé en lieu et place de la centrale à concentration, une fois que celle-ci sera démontée.


Article 5

Trump poursuit son offensive contre les politiques climatiques

L'administration Trump a annoncé mercredi soir une série de mesures qui reviennent sur des engagements de Joe Biden, pour faire baisser les émissions de CO2 du pays.

Donald Trump entend annuler l'obligation faite aux centrales à charbon d'éliminer leurs rejets de CO2 grâce aux techniques de capture et de stockage du carbone (ici la centrale à charbon de Kemmerer, dans le Wyoming). (Kim Raff/Nyt-redux-rea)

Par Marie Bellan

Publié le 13 mars 2025 

L'entreprise de démolition des politiques environnementales des Etats-Unis par Donald Trump se poursuit. Mercredi soir, le patron de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), Lee Zeldin, est revenu sur certains des mesures phares prises par Joe Biden, pour faire baisser les émissions de CO2 du pays, et ainsi tenter de limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C d'ici à 2100.

Parmi les annonces les plus significatives, la nouvelle administration Trump entend annuler l'obligation faite aux centrales à charbon, encore largement présentes aux Etats-Unis, d'éliminer leurs rejets de CO2 grâce aux techniques de capture et de stockage du carbone (CCS), sous peine de fermeture.

Cette règle, qui remonte à 2024, devait permettre de séquestrer près de 1,4 milliard de tonnes de CO2 d'ici à 2047, soit l'équivalent des émissions annuelles de 328 millions de voitures. Elle devait en outre s'appliquer aux centrales à gaz d'ici à 2032. « Les entreprises polluantes se réjouissent aujourd'hui car l'EPA de Trump vient de les autoriser à rejeter une pollution climatique illimitée, sans se soucier des conséquences », a réagi Charles Harper, de l'association environnementale Evergreen.

« Libérer l'énergie américaine »

Lee Zeldin n'a pas dit le contraire puisqu'il a affirmé qu'il s'agissait de « la journée de déréglementation la plus importante et la plus conséquence de l'histoire des Etats-Unis », promettant de « libérer l'énergie américaine » et de « revitaliser l'industrie automobile » de son pays. En effet, le gouvernement a également annoncé son intention d'annuler les règles qui visent à limiter les émissions de CO2 des voitures et qui doivent entrer en vigueur en 2027. Pour rappel, les émissions de CO2 des Etats-Unis ont baissé d'à peine 0,2 % en 2024 alors que la trajectoire de 2023 était beaucoup plus favorable (-3,3 %).

L'ensemble de ces annonces est en cohérence avec les précédentes décisions de Donald Trump, ou de son administration, depuis son arrivée à la Maison-Blanche. Le président des Etats-Unis a en effet décidé de sortir des accords de Paris sur le climat, signés à la COP21 de 2015. Le patron de l'EPA a également recommandé fin février de ne plus considérer les gaz à effet de serre comme dangereux pour la santé et le bien-être des générations futures. Il faudra pour ce faire réécrire une doctrine de 2009, élaborée à partir de travaux scientifiques, dont l'administration Trump fait peu de cas.

Populations vulnérables

Les autres annonces d'hier concernent davantage la biodiversité, notamment le Clean Water Act qui interdit de déverser des polluants dans les « eaux navigables des Etats-Unis ». Le nouveau patron de l'EPA souhaite exclure de cette interdiction les zones humides et les petits cours d'eau, pour ne considérer que les fleuves, les lacs et les océans. Or les zones humides, qui représentent des millions d'hectares aux Etats-Unis, participent aussi au filtrage de l'eau et constituent une protection contre les inondations.

Enfin, l'EPA, sous injonction de son nouveau patron, va aussi mettre fin à ses programmes de justice environnementale qui ont pour objet d'aider les populations les plus défavorisées à faire face aux pollutions environnantes. Il s'agit tout particulièrement des personnes vivant à proximité d'autoroutes, de centrales électriques, d'usines ou d'autres installations polluantes, et sont plus à même de développer des maladies cardiaques ou encore de l'asthme. « Au nom d'une justice environnementale, des fortunes ont été envoyées à des groupes activistes de gauche », s'est justifié Lee Zeldin. Avant de conclure : « Le président Trump souhaite que nous aidions à inaugurer un âge d'or en Amérique pour tous les Américains, indépendamment de leur race, de leur sexe, de leur origine ».